© Laurent Philippe
Vous êtes désormais familiers des institutions comme le Centre National de la Danse ou le Junior Ballet, dernière année des cursus contemporain et classique du CNSMDP et des chorégraphes comme Trisha Brown ou Thomas Lebrun… Face à un lectorat aussi éclairé, il est donc possible d’entrer directement dans le vif du sujet…
Cette soirée s’articulait autour de trois pièces, Planes (1968) de Trisha Brown, In no Sense (2011) de Nicolas Paul et Quatre ciels de Novembre (2011) de Thomas Lebrun, ainsi que d’une séance de questions réponses aux deux chorégraphes présentes ce soir là, Thomas Lebrun et Nicolas Paul.
La pièce Planes met en scène trois danseurs en combinaison évoluant à la verticale sur un mur troué, également support de la projection d’un film de Jud Yalkut… On comprend qu’à l’époque cette pièce marque les esprits encore peu éveillés à la danse aérienne. Mais la démarche de la chorégraphe, qui souhaitait alors repousser les limites du corps et du mouvement, bien qu’honorable en son temps, livre un résultat aujourd’hui insipide… Les spectateurs sont désormais éduqués aux danses aériennes, aux danseurs circassiens, aux performances impressionnantes et multi-courants dues à des artistes comme Montalvo-Hervieu, Découflé, etc. Pour moi la pièce n’a suscité que l’ennui, mais je vous laisse juger par vous mêmes :
Deuxième pièce au programme, In no Sense de Nicolas Paul, sujet à l’Opéra de Paris, actuellement distribué sur Dances at a Gathering d’ailleurs, pièce qui porte sur le souvenir d’enfance (et oui, il y a un jeu de mots!). Les plus inspirés verront dans cette pièce, un homme, en costume blanc qui se souvient et semble rejeter certains souvenirs d’enfance. La pièce a été crée pour le Junior Ballet Classique mais on les sent très peu à l’aise dans cette esthétique : manque de temps pour s’en imprégner ou manque de flexibilité du chorégraphe pour adapter ses phrases déjà écrites aux danseurs qui lui font face. Dans les points négatifs toujours, cette évocation très superficielle du monde de l’enfance : a-t-on vraiment besoin de cartables, de grandes chaussettes blanches, de peluches, d’élastiques et de bruits de xylophone pour être projeté dans cet univers? Plus d’authenticité aurait été souhaitable : que les danseurs se sentent simplement enfants, eux qui sont encore si jeunes! Néanmoins, la pièce réserve de belles surprises, notamment la révélation d’un danseur impressionnant, Adrien Martins.
© Laurent Philippe
La séance de questions réponses avait pour objet l’explication du processus de création : comment les chorégraphes se comportent-ils avec des danseurs encore en formation? Comment ont-ils procédé face aux délais serrés (4 semaines) : implication des danseurs dans la création, apprentissage de phrases déjà construites, adaptation du langage aux sensibilités des danseurs? Quel rapport à la musique? Comment choisissent-ils leurs personnages?
© Laurent Philippe
Puis la soirée se termine en beauté avec la pièce de Thomas Lebrun, dynamique, puissante et qui mettaient clairement plus en valeur les qualités des interprètes. Thomas Lebrun raconte « son souhait d’emmener ces jeunes danseurs vers un certains lyrisme » : objectif atteint. La pièce transporte le public qui applaudit intensément ces jeunes danseurs.