
- Structure ou phénomène d’origine artificielle ou accidentelle qui altère une expérience ou un examen portant sur un phénomène naturel.
- En anthropologie, produit ayant subi une transformation, même minime, par l’homme, et qui se distingue ainsi d’un autre provoqué par un phénomène naturel.
Entre d’abord sur scène ce qui me semble être une vilaine sorcière… Ses mots ne font aucun sens (malgré mon anglais courant !), mais leur mélodie, sur fond de piano, est captivante. Très vite happée par la pièce, je me laisse aller, et suivant son invitation, je « step inside »…
J’imagine alors que cette ancienne danseuse reconvertie en actrice free-lance est une magicienne : artifact artifice ? « See what I think, think what you see, just step inside and remember to forget” Prestidigitatrice? Alors qu’un vieux monsieur complète cet univers sonore par un discours tout aussi mystérieux prononcé dans un mégaphone, mon imagination m’emmène dans un cirque, en pleine admiration d’un numéro d’acrobatie contorsionniste réalisé avec brio par cette cinquantaine de danseurs, entrecoupé par les commentaires de Monsieur ou plutôt Madame Loyal…
Le troisième personnage semble être le destinataire de ces discours incompréhensibles. Poupée inanimée qu’on dote enfin d’une conscience pour regarder, penser et dire… Pourquoi ce sempiternel refrain et cette allitération sifflante ? Think, Say, See… Calme et fragilité… Sur ces paroles et ce fond de piano donc, des lignes de danseurs en vert. Illusion ? Step inside… Métaphore de la mort ? Step outside and remember to forget… Mais la danse s’impose et les interrogations disparaissent. Une danse brute, pure, indémodable (avec un léger bémol pour les académiques verts des danseurs, qui mériteraient un coup de jeune).
L’Acte II semble avoir lieu dans l’au-delà : les danseurs ont choisi de franchir la frontière. On y retrouve tout ce qui a fait la renommée du chorégraphe : pas de deux désarticulés et ensembles alignés aux dos émouvants, le tout très brillamment interprétés par le ballet de Flandres. Performance et émotion, tout est là. Les corps des danseuses sont à l’unisson avec les cordes du violon. Quelle force…
Mais c’est déjà l’Acte III, en rupture avec le reste de la pièce. Bruit, tableaux blancs aux formes simples, danseurs en jogging, ombres…
Enfin, les hommes surgissent, enfin les hommes s’imposent. Il faut dire que les lignes brisées des actes précédents sont plus appréciables sur les corps des danseuses, hissées sur pointes et dont les jambes sont soulignées par des collants noirs, que sur des hommes en fuseau (sans vouloir insister).
Quoiqu’il en soit cet acte détonne. Non musical, chaotique et à la chorégraphie imprégnée du rapport au sol, au volume, s’opposant des lignes tranchantes des précédents actes. La fluidité et l’énergie de ces hommes est splendide.
Sur l’Acte IV, le vert et le piano sont de retour. La folie s’apaise, l’univers est de nouveau ordonné, et la scénographie alignée et claire. Une énergie fulgurante émerge de ces ensembles de bras, de jambes et de dos synchronisés.
Dans son coin, la poupée n’a pas oublié ce qu’elle a vu : au milieu des ces ensembles presque militaires, elle s’adonne à une danse fluide et serpentée, qui semble jouissive à danser.
Bref un spectacle complet… Mais une incapacité à comprendre le propos du chorégraphe. Malgré cela, impossible de ne pas entrer dans la pièce, le public est aspiré par ce tourbillon d’énergie, et transporté dans une dimension parallèle, extrêmement riche chorégraphiquement, avec une coexistence de la ligne, aride et impeccable, et de la fluidité de ces corps taillés à la perfection pour ce type d’exercice. Un vertige tout simplement… Un frisson extrême.